Le phénomène des mirages gravitationnels est fascinant, même si on l'explique parfaitement grâce à la théorie de la relativité générale. Il s'agit d'images multiples du même objet, en général une galaxie lointaine, qui apparaissent parce que durant leur voyage jusqu'à nous, les rayons lumineux ont été défléchis par une galaxie d'avant plan. On observe en général 2 ou 4 images de la galaxie la plus distante, images qui se forment autour de la galaxie la plus proche. Cette dernière agit un peu comme une lentille déformante. Le trajet suivi par la lumière n'est pas exactement le même pour chaque image, de sorte que si la source varie, on voit les variations apparaître dans une image, puis dans une autre. C'est en mesurant ces délais temporels qu'on arrive à déduire la différence de trajet entre les rayons qui nous conduisent à la mesure de la constante de Hubble-Lemaître.
C’est cette méthode que nous développons depuis de nombreuses années dans la collaboration TDCOSMO. Je ne suis maintenant plus seul à Liège dans TDCOSMO puisqu’une thésarde, Lyne van de Vyvere et un post-doctorant américain, Matt Gomer, m'aident dans mes travaux. Ce qu'il y a de fantastique avec ces systèmes, c'est que la position des images observées dépend de la masse totale de la galaxie déflectrice (ou lentille), que cette masse soit lumineuse ou non. La masse lumineuse, on peut l'estimer sur base de la lumière. Ce qui reste est la matière sombre. Les lentilles gravitationnelles nous permettent donc de "voir" la matière sombre. On peut étudier deux grandes questions à la fois : l'histoire de l'Univers et la matière sombre. Pas étonnant que les mirages gravitationnels aient une place de choix dans la recherche.